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La famille longet
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29 août 2008

la jungle 1

Pour aller a Cuyabeno c'est facile : une route partiellement goudronnee suit les pipelines. le trajet de nuit alterne des sections de jungle dense et des infrastructures petrolieres grillagees et electrifiees, dans lesquelles s'activent des playmobils oranges et casques. ça et la des torcheres trouent la vegetation. ailleurs des hameaux de brics et de broc montes sur pilotis. des eclairs secs, la silhouette du volcan Reventador, des torrents, des rios larges et endormis.

Mes pensees s'entremelent. Plaisir de voyager dans le confort a la rencontre de mon fantasme de foret vierge et habitee ; Conscience que cete route favorise l'implantation de nouveaux villages, et donc l'agriculture, la chasse, le braconnage, la deforestation ; Malaise de voir ces hectares grillages, voles aux peuples de la foret, pollues de petrole ; Visions delirante de cette foret hantee poussant sur elle-meme.

Au petit matin le bus s'arrete pres d'un pont, la pirogue et Romulo notre guide nous attendent, la foret se reveille, on a l'impression naive d'entrer dans un monde inviole.

Romulo voue manifestement un culte a Che Guevarra, barbe, foulard, Tshirt le confirment, il est simplement beaucoup plus petit. Lui et sa famille tiennent le lodge, avec un melange de desinvolture et de rigueur : Le ponton reliant les cabanes est sans cesse balaye, mais il y manque des planches ; les lits sont tires a quatre epingles pour eviter que des bestioles ne s'y cachent, mais il faut se laver dans la riviere car le cadre ultra-elime de la pompe a cede (mais c'est plus drole comme ça) ; Carlos, le serveur en livree, nous apporte plat et dessert en meme temps pour plus de commodite ; Lors de nos balades, a pied ou en pagaies, nous sommes escortes tour a tour par Melissa le singe, par le cochon et par le chien puant. Et evidemment par jules qui court et trebuche en criant broum-broum, et par tom qui rale.

Autant dire que les paresseux ont largement le temps de changer de quartier avant qu'on arrive a leur arbre.

Restent les plantes et les bestioles. Escargots geants sauterells geantes, fourmis geantes, araignees geantes, blattes grandes comme des oreilles ; mouches minus mais du coup complexees et agressives (comme not'prezident) ; palmiers qui marchent (pour de vrai!), lianes qui etranglent les arbres pour prendre leur place; bromelia accrochees aux branches, qui offrent des piscines aux grenouilles et des boissons aux singes. Au moment ou on les attend le moins arrivent les singes, les oiseaux, une loutre, des aras, une grosse bete la la ! (ah non ça c'est le cochon).

La foret le jour resonne des bruits incongrus des singes, des oiseaux, des insectes : robinet qui coule, sifflement d'Italiens sur la plage, tronçonneuses, marteau-piqueur, cris et bruits demesures de betes minuscules et de feuilles mortes qui tombent.

La nuit la foret grenouille et coasse, et surtout scintille sous la lampe frontale : Tout brille,les etoiles, les gouttes d'eau sur les feuilles, les traces de bave, les yeux rouges des caïmans, verts des araignees, tout le prisme des autres insectes, et le clignotement des lucioles. Ça copule et ça bouffe dans tous les coins. La nuit chaque pas dans la foret me prend 10 secondes, j'ai une delicieuse trouille tout seul, a chaque pas je balaie de ma lampe l'etroit tunnel de branches et de lianes, a l'affut des dangers reels ou imaginaires, serpents araignees dragons arbres animes. Le mouvement de ma torche fait bouger les ombres des feuilles et des banches. La fuite d'un tatou ou le passage d'une chauve souris me glace et m'enchante.

Grosse deception par contre pour la visite d'un village Cofan - on s'y attendait, mais le vivre est douloureux. Une bonne femme repete pour la nieme fois de la journee la fabrication de pain de yucca, avec l'enthousiasme d'une dame-pipi, sous les explications de Romulo. Une seule envie, partir de la, cesser la representation.

A Cuyabeno je me suis rendu compte que nous ne sommes pas prets a sortir des sentiers battus avec les enfants pour l'instant. On sait maintenant qu'une nuit de bus ou une journee de canoe sont faisables avec eux, mais partir a la rencontre d'autrui, en dehors d'un cadre organise, demande un enthousiasme partage avec les enfants, et ça c'est pas gagne...

La seule personne qu'on ait vraiment rencontre a Cuyabeno est Valou, la copine de Virginie en vacances avec nous. Merci Valou, pour ta gentillesse et ton humour. Tu nous as bien decontracte les neurones quand on avait des crampes.

a bientot, bisous

antoine

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Commentaires
A
"palmiers qui marchent (pour de vrai!)"<br /> <br /> C'estc'là, oui... Et Melissa le singe enveloppe le chocolat ?<br /> <br /> ;°)
C
Merci Antoine pour tes récits.<br /> C'est encore mieux que des photos.<br /> <br /> Je pense à vous, vous me manquez....<br /> Je viendrai bien vous décontracter les neurones à mon tour !<br /> <br /> Je vous embrasse fort,<br /> Je vous aime.<br /> <br /> Chacha.
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